L’Europe interroge vos libertés à propos de la RFID

Vers une traçabilité des produits, des usages, ou des personnes ?
vendredi 3 octobre 2008 par Gilles J. Guglielmi

L’Internet des objets est devenu une réalité quotidienne depuis 2004 sans que l’on s’en aperçoive. La protection des libertés et de la vie privée doit toutefois y être prise en compte afin que l’Internet du Futur se développe en harmonie avec les principes et les valeurs des citoyens de l’Union.

Pourquoi parler de RFID maintenant ?

Il s’agit d’un enjeu majeur.

La Commission européenne a lancé une consultation préparant sa future « Communication sur l’Internet des objets (IOT) », prévue pour le deuxième trimestre de 2009. Pour en fixer le cadre et servir de point de départ, la Commission a publié un document de travail qui se trouve ici.

Les parties intéressées sont invitées à envoyer leurs observations sur les questions abordées dans le document cité, à l’aide de la consultation publique dont l’accès est aménagé sur le site "Votre voix en Europe".

Le Comité économique et social européen a également produit le 18 Septembre 2008, un avis formel sur l’Internet des objets qui peut être utilement lu.

Un colloque aura lieu à Nice les 6 et 7 octobre prochain (programme complet). Sur son site, figure une revue d’actualité pertinente et non univoque, qui fait bien comprendre les problèmes que pose cette technologie.

Qu’est-ce que c’est ?

Le sigle RFID est une transcription de l’anglais radio frequency identification. Il s’agit d’une méthode de radio-identification qui récupère des données à distance et les mémorise, en utilisant des marqueurs appelés « radio-étiquettes » (« RFID tag » ou « RFID transponder » « puces RFID ») et composés d’une puce électronique et d’une mini-antenne.

Ces marqueurs sont en pratique des étiquettes autoadhésives fines, légères et de coût faible, qui peuvent être incorporées de façon invisible dans des objets voire dans des organismes vivants (animaux, corps humain). Leurs puces électroniques contiennent un identifiant, mais sont capables de stocker des données complémentaires.

- Schémas simplifiés du processus ici ou .

- L’article de synthèse technique.

Où est le problème ?

La RFID peut être utilisée pour identifier des objets, comme s’il s’agissait d’un code-barre lisible à distance (étiquette électronique) ; ou bien des personnes si le marqueur est intégré à un document personnalisé et obligatoire en certaines circonstances : passeport, titre de transport (Navigo), carte de paiement (carte sans contact).

Les défenseurs des libertés et de la vie privée sont alertés par les possibilités de traçage des individus que la RFID permet, si elle se généralise et intègre les données qu’elle collecte le plus souvent à l’insu des particuliers. Compte tenu de la puissance acquise par les radio-étiquettes, même passives, ce n’est pas un scénario théorique. Grâce à la technologie utilisée dans les systèmes de communications avec l’espace lointain, les puces RFID peuvent déjà être lues à une distance de 200 mètres.

Par ailleurs, on ne peut pas exclure le croisement, au sein de bases de données, d’identifiants de produits et de données personnelles, lequel pourrait servir de base à un puissant dispositif de recoupement marketing. “En tant que technologie de radio-identification, les étiquettes Rfid ne posent pas de problème tant qu’elles sont cantonnées à la chaîne logistique. Toutefois la norme EPC permet d’établir un lien entre une base de données distante, un produit et un consommateur dans un magasin. L’étiquette est en effet active, intemporelle et consultable à distance, ce qui représente une menace pour la protection des données personnelles du consommateur”, expliquait Yann Le Hégarat, expert de la Cnil (Décision Micro, 2 février 2004). Il pourrait en être de même en matière de police.

Une solution de traçage a été appliquée dans l’usine BMW de Dingolfing en Allemagne. Le système s’appuie sur des étiquettes spécifiques (Wheretags) et sur un dispositif de localisation en temps réel. Il permet de localiser avec un simple navigateur web n’importe quel véhicule produit, où qu’il se trouve sur le vaste site de l’usine. Ses étiquettes sont actives, ont une portée de 100 (en intérieur) à 300 mètres (extérieur), pèsent 53 grammes, pour une taille légèrement supérieure à celle d’un ticket de métro parisien qui serait épais de 2 cm.

La solution appliquée à un usage purement industriel, et pour des véhicules est néanmoins généralisable à bien d’autres situations. Les Postes du Quatar, des Emirats arabes unis et d’Arabie Saoudite ont ainsi équipé des "enveloppes tests" avec des étiquettes RFID. Ainsi, "Les gouvernements ont pu appréhender les délaisde livraison et les chemins empruntés par les plis"... Et on ne peut s’empêcher de penser que, pour un consommateur, ou pour un touriste muni d’un passeport, certaines radio-étiquettes pourraient jouer le même rôle que le bracelet de surveillance électronique aujourd’hui utilisé en toute légalité pour les seuls délinquants.

- Un état des questions qui prouve que les problèmes étaient déjà identifiés dès le début du 21ème siècle par des universitaires américains.

- Un bilan critique dès 2005.

Conclusion :

Aussi, si cette technologie suscite vos réflexions critiques, n’hésitez pas à en informer la Commission européenne. Les consultations publiques sont faites pour cela. Elles sont ouvertes à tout citoyen.


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