EDVIGE, le rapace magique au regard perçant

mercredi 2 juillet 2008 par Gilles J. Guglielmi

Le ministre de l’Intérieur vient d’être autorisé par décret n° 2008-632 du 27 juin 2008 à mettre en œuvre le système EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale). Objectif : centraliser un maximum de données. Mais il ne fait que cacher un autre fichier encore plus secret appelé Cristina.

Le fichier est très complet puisque, pour les personnes physiques de plus de treize ans, il regroupera des :

- informations ayant trait à l’état civil et à la profession ;
- adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
- signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
- titres d’identité ;
- immatriculation des véhicules ;
- informations fiscales et patrimoniales ;
- déplacements et antécédents judiciaires ;
- motif de l’enregistrement des données ;
- données relatives à l’environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.

S’agissant des mineurs, Edvige cible le repérage de ceux qui seraient suspectés de troubles à l’ordre public à partir de 13 ans, ce que la DST et les RG ne faisaient officiellement pas jusqu’ici.

Par ailleurs, ce fichage s’inscrit dans la logique du fichier biométrique centralisé des passeports : assimiler « apte au délit » et « condamné », « suspect » et « délinquant », et procéder à une recherche de suspects à partir d’une base de données de citoyens n’ayant jamais eu de liens avec la justice ou la police.

Inutile de dire les dangers que recèlent ce type de fichiers, surtout en raison de l’impossibilité pour les personnes publiques de garantir qu’ils ne seront pas (frauduleusement) utilisés au profit de personnes privées.

Encore pourrait-on dire que, pour ce fichier, certaines caractéristiques sont publiées. Il n’en est pas de même avec le fichier Cristina, dont la naissance fut annoncée ici, qui bénéficie du traitement spécial prévu par la loi : publication de sa seule existence et du fait que la CNIL a rendu son avis (en l’occurrence avec réserves) sans pouvoir savoir ce que contient ni le fichier, ni l’avis !
Lire ici l’excellente analyse de J.-M. Manach.
En réalité, on sait bien que ce fichier classé secret défense est la fusion d’anciens fichiers des Renseignements Généraux et de la DST, et qui concerne en vrac aussi bien le terrorisme que la protection du patrimoine économique (recherche, entreprises).

Un collectif de 33 associations a lancé un appel contre la mise en oeuvre de ce fichier. On le trouvera ici. Par ailleurs, un recours devant le Conseil d’Etat devrait être déposé au titre du référé liberté.

Brève sitographie :

- L’info pionnière :
La doctrine d’Edvige : Geneviève Koubi

- L’avis de la CNIL (qui n’a pas été suivi, loin s’en faut) :
sur son site.

- Les commentaires du président de la CNIL :
à Libération,

au Nouvel Obs.

- Débat entre Monsieur Gachet pour le ministère de l’Intérieur et Henri Weber pour la LDH :
sur France Info.

- Une synthèse de contenu :
"Fichiers informatiques : Edvige suscite bien des troubles" : par Pcinpact

- Les réactions :

"Et maintenant, Edvige, fichez-moi tous ces mineurs de 13 ans qui pourraient mal tourner" : par la LDH

Communiqué de l’Union Syndicale Solidaires :
sur leur site.

"« La vie des autres » avec Edvige" : par le Syndicat de la Magistrature

Communiqué des Big Brother Awards : un fichier totalement hors la loi.

Le point de vue des rédacteurs de Politis : sur leur Babil.


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