Manifeste pour les restitutions de repentance
La restitution en 2002 de la Vénus Hottentote puis l’affaire de la tête Maori en souffrance dans le port de Rouen devraient donner de nouvelles idées aux édiles français souhaitant se refaire une virginité mondialiste, à l’heure de la loi sur l’immigration.
Qu’il soit permis ici de donner une suggestion à Philippe Douste-Blazy, grand spécialiste de la culture française qu’il a merveilleusement défendue dans l’exercice de ses fonctions de ministre des affaires étrangères il y a peu, ainsi qu’à notre président de la République, fervent soutien de la Turquie dans le concert des nations.
Comme chacun le sait, l’église Saint-Sernin, située à Toulouse, est née du culte des reliques. Elle fut fondée, puis embellie pour honorer Saturnin (pas le premier canard télémédiatique, mais le premier évangélisateur de Toulouse). Au cours des siècles, le « Trésor » s’est enrichi de diverses portions d’autres martyrs et de saints (*), prétendant même réunir les corps de six apôtres du Christ. Il s’agissait déjà d’un argument de développement économique touristique d’importance puisque l’abbatiale se trouve sur la route de Compostelle.
L’actuel deuxième adjoint au maire de Toulouse s’honorerait, bien sûr, de restituer les vingt-sept corps complets d’apôtres, de saints et de martyrs à leurs diverses nations de naissance. D’autant plus que les « corps saints » des apôtres sont attestés par Louis XI (en 1463) avoir été donnés par Charlemagne qui les aurait « arrachés de haute lutte aux guerriers de l’Islam ». On voit tout de suite le symbole de réconciliation que constituerait leur restitution ! Mais parmi les reliques incomplètes, il en est aussi une dont la diplomatie française tirerait certainement le plus grand profit.
Il s’agit des quelques fragments d’os réputés appartenir à saint Paul. En effet si celui-ci, parfois appelé Saül, est bien mort vers l’an 65 de notre ère à Rome sous son nom de citoyen romain, Cn. Pompeius Paullus, il ne faut pas oublier qu’il est né à Tarse en Cilicie, c’est-à-dire de nos jours İçe, en Turquie. Il conviendrait, par dignité pour sa dépouille et par respect des principes des relations internationales de restituer ses reliques au gouvernement turc, épris de laïcité et de coexistence entre les religions.
Sachant que la conversion de Paul désigne sa fête au 25 janvier, il reste presque trois mois pour cette nouvelle mission commémorative et internationale d’importance...
(*) une Sainte Epine, un morceau de la Vraie Croix, une pierre de la lapidation de saint Etienne, une partie de la robe de la Vierge, un éclat de la roche sur laquelle elle avait accouché, un fragment du Saint-Sépulcre et même de la terre « que le Christ foula de ses pieds » et, bien sûr, le corps de... saint Gilles qui aurait été recueilli pour le protéger de menaces cathares !
Gilles J. Guglielmi
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Manifeste pour les restitutions de repentance28 octobre 2007, par Tiers monde
Bonjour et merci pour ces précieuses informations.
Puisque vous avez abordé le sujet des "restitutions", j’aimerais connaître votre avis de juriste sur ce qui est à la Une de presque tous les journaux français aujourd’hui : le "cas Arche de Zoé"...
Merci pour votre réponse.
Cordialement-
Manifeste pour les restitutions de repentance29 octobre 2007, par Gk
Puisque la question est posée, je me permettrais ici de signifier que certains parallèles sont difficiles à admettre. C’est le cas lorsqu’ils s’instituent entre les actions humanitaires proprement dites et les initiatives inconsidérées qui rappellent furieusement certains desseins colonialistes ; c’est encore le cas lorsqu’ils rapprochent la restitution d’objets ou de sujets « dérobés », volés sous prétexte d’une longue histoire et la détermination de familles d’accueil pour des enfants qui, même en danger, se voient alors soudain considérés comme de simples objets !
Puisqu’un parallèle est recherché, refusant cette approche de la notion de "restitution" et de la fonction de la "repentance", aussi ironique ait été le propos initial, j’inviterais à relire attentivement la Déclaration des droits des peuples autochtones du 2 octobre 2007.
En revenant au message précédent qui a suscité cette réaction, il serait bon de rappeler et retenir une fois pour toutes,comme le rappelle la Déclaration citée que "les déplacements forcés" sont, quel que soit le cas, quel que soit le motif, "interdits".
Puisque le sujet précis de ce débat est celui de la "restitution", en tant que certains peuples ont subi les méfaits de la colonisation, s’imprégner de la philosophie générale de cette Déclaration devient essentiel. Cette déclaration contient d’ailleurs certains éléments de réponse aux questions soulevées
Je signalerais à ce propos surtout les dispositions de l’article 11 . 1 : « les peuples autochtones ont le droit d’observer et de revivifier leurs traditions culturelles et leurs coutumes. Ils ont notamment le droit de conserver, de protéger et de développer les manifestations passées, présentes et futures de leur culture, telles que les sites archéologiques et historiques, l’artisanat, les dessins et modèles, les rites, les techniques, les arts visuels et du spectacle et la littérature ». Le mot "rite" ne fait-il pas écho à l’initiative prise à Rouen ?
Les dispositions suivantes rendent compte de la possibilité pour les Etats de "réparer" le préjudice subi par les peuples pour tout ce qui est des « biens culturels, intellectuels, religieux et spirituels » qui ont été pris « sans leur consentement préalable » ou « donnés librement et en connaissance de cause ou en violation de leurs lois, traditions et coutumes » (art. 11 .2).
Resterait à donner à ces dispositions un sens effectif.
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