Bientôt la loi anti-anti-bourrelets

Santé publique et esthétique
jeudi 24 septembre 2009 par Gilles J. Guglielmi

Une évolution majeure semble marquer la pratique des propositions de loi. En ces temps où il est de bon ton d’afficher une revalorisation constitutionnelle du Parlement - alors que la réforme de juillet 2008 réalise en réalité exactement l’inverse -, les élus de nos chambres se comportent comme les parlementaires du Second Empire qu’il fallait bien occuper... à ne rien faire.

Un rapide sondage dans les propositions de loi depuis cet été nous en apprend en effet beaucoup sur les préoccupations majeures de nos législateurs.

Le Parlement s’en en effet d’abord attaqué à un fléau social et économique injustement sous-estimé jusqu’à présent : l’orthographe des noms patronymiques en majuscules (proposition de loi n° 1873 "visant à respecter l’orthographe exacte des noms patronymiques lorsqu’ils sont écrits en majuscules" présenté par Monsieur Robert Lecou, député).
Nul doute que les Académiciens travailleront plus pour gagner... pas mal (à ce qu’on dit) ni que l’industrie typographique n’en ressentira un effet de relance anti-crise bénéfique.

Dépassant l’occupation écrasante de ce nouveau chantier, le Parlement a ensuite engagé une aventure de l’extrême en s’avisant de réglementer la pratique, fondamentale pour notre société, et quasiment universelle, du... canyonisme. Grâces soient rendues à Madame la sénatrice Goy-Chavent de commencer son exposé des motifs par la phrase immortelle : "La pratique des activités sportives et de loisir de pleine nature connaît un développement impétueux". (Oui, impétueux, comme les torrents de montagne, personne n’avait perçu l’allusion.) La proposition de loi n° 345 règle enfin, d’une façon à peu près contraire à tous les fondements juridiques des régimes de responsabilité, le cruel dilemme des sujets de droit riverains des canyons : « Lorsqu’ils agissent dans le cadre et dans le strict respect de ces conventions d’usage de terrains dûment agréées, les collectivités territoriales et les propriétaires des sites sont exonérés de toute leur responsabilité. »

Enfin, clou de cette activité débordante, et qui justifie le titre du présent article : les plus aigus de nos représentants se sont avisés de protéger la santé psychologique et les comportements alimentaires de notre jeunesse en luttant contre la diffusion d’une « représentation erronée de l’image du corps dans notre société ». Ils se sont donc fendus d’une proposition de loi n° 1908, portée par Madame Valérie Boyer, aux termes de laquelle « Les photographies publicitaires de personnes dont
l’apparence corporelle a été modifiée par un logiciel de traitement d’image doivent être accompagnées de la mention : “Photographie retouchée afin de modifier l’apparence corporelle d’une personne”. »
On regrette vraiment que cette formulation n’atteigne pas les buts mêmes de l’exposé des motifs, qui annonçaient fièrement : « Il ne faut pas se limiter aux simples photographies à usage commercial et il convient de relever un champ plus large que les photographies ayant pour objet d’être diffusées dans la presse écrite ».

Sic transit gloria mundi.


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