La Commission nationale de déontologie de la sécurité en pertes et profits
Dans un communiqué exemplaire et dont l’argumentation proprement juridique est particulièrement rigoureuse, la Commission nationale de Déontologie de la Sécurité démontre le recul que constitue la "fusion" prévue par la rédaction actuelle de la loi organique sur le nouveau Défenseur des droits.
COMMUNIQUÉ :
Sans avoir été consultée auparavant, la Commission nationale de  
déontologie de la sécurité a pris connaissance, à l’occasion de sa  
publication, du projet de loi organique relatif au Défenseur des  
droits. Elle en a délibéré lors de sa réunion en formation plénière du  
21 septembre 2009.
Elle relève que ce texte prévoit sa suppression et le transfert de ses  
attributions à une seule personne, le Défenseur des droits, nommé en  
conseil des ministres, à charge pour lui, lorsqu’il intervient en  
matière de déontologie, de consulter un collège de trois personnalités  
désignées respectivement par le Président de la République, le  
Président de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat, en raison  
de leur compétence dans le domaine de la sécurité.
Par comparaison avec son propre statut, la CNDS constate que cette  
nouvelle organisation :
1°) n’offre aucune des garanties d’indépendance qui tenaient au mode  
de désignation de ses membres comprenant quatre parlementaires, des  
représentants du conseil d’Etat, de la cour de cassation et de la cour  
des comptes et six personnalités qualifiées choisies par les autres  
membres (art. 11) ;
2°) fait disparaître le caractère multidisciplinaire de sa composition  
qui lui a permis de regrouper des juristes, avocats ou magistrats, un  
professeur de médecine légale, des universitaires et chercheurs,  
d’anciens responsables de la police, ayant tous eu à connaître dans  
l’exercice de leur profession des problèmes de déontologie des forces  
de sécurité, chacun apportant dans une approche différente ses  
connaissances et expériences propres (art. 11) ;
3°) ne comporte aucune précision sur la qualité des délégués du  
Défenseur des droits pouvant intervenir pour instruire et participer  
au règlement des affaires en matière de déontologie (art. 28) ;
4°) permet aux autorités mises en cause de s’opposer à la venue du  
Défenseur des droits dans les locaux dont ils sont responsables pour  
des motifs tenant « aux exigences de la défense nationale ou de la  
sécurité publique ou dans le cas de circonstances exceptionnelles »,  
cette disposition ayant pour conséquence de donner désormais à ces  
autorités la faculté de se soustraire à tout contrôle qui pourrait les  
gêner (art. 18) ;
5°) interdit toute investigation sur des réclamations émanées de  
personnes ou associations témoins de manquements déontologiques ou de  
graves irrégularités en matière de reconduite à la frontière en raison  
de l’impossibilité d’avertir les victimes de ces faits et d’obtenir  
leur accord lorsque, entre-temps, elles auront été expulsées (art. 8) ;
6°) donne au Défenseur des droits le pouvoir arbitraire de rejeter  
toute requête sans avoir à motiver sa décision ni respecter le  
principe de la contradiction (art. 20) ;
7°) va diluer au sein d’une institution omnicompétente des  
attributions spécifiques nécessitant des connaissances et une approche  
particulières dans le domaine sensible des rapports entre les citoyens  
avec les forces de sécurité, les manquements commis dans l’usage de la  
force légale n’appelant ni « transaction » ni « règlement en équité »  
(art. 20 et 22).
La CNDS considère que sur chacun des points qui précèdent la réforme  
projetée marque un recul des garanties démocratiques qu’elle offrait  
aux citoyens, pour le respect de leurs droits fondamentaux.
Elle rappelle enfin que son existence et la qualité de son action ont  
été saluées par les institutions internationales – notamment le  
commissaire européen aux droits de l’homme –, la Commission nationale  
consultative des droits de l’homme et les O.N.G. attachées à la  
défense des droits de l’homme, dont plusieurs ont exprimé le souhait  
de voir ses compétences et ses moyens élargis.
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