Le projet de "Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (n° 1697)" a été affublé d’un amendement langagier qui montre bien l’état d’esprit ambiant consistant à rectifier le langage "politiquement incorrect" ou "potentiellement revendicatif de libertés".
L’amendement CL 158 (page 103) insère avant l’article 17 du projet un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans tous les textes législatifs et réglementaires, le mot “vidéosurveillance” est remplacé par le mot “vidéoprotection” »
Que la langue française est belle !
Morceau de bravoure de l’exposé des motifs : "A la lecture des finalités [de la loi], il apparaît très nettement que le recours à la prise d’images poursuit un objectif de protection des atteintes aux personnes et aux biens.
Le mot de « vidéosurveillance » est donc inapproprié car le terme de « surveillance » peut laisser penser à nos concitoyens, à tort, que ces systèmes pourraient porter atteinte à certains aspects de la vie privée. Dès lors, il y a lieu de remplacer le mot « vidéosurveillance » par le mot « vidéoprotection », qui reflète plus fidèlement tant la volonté du législateur que l’action conduite en faveur de nos concitoyens."
Malheureusement, quelles que soient les velléités de police du langage et donc de la pensée, elles se heurtent à la précision des mots et à la matérialité des faits : jamais une caméra vidéo ne s’est transformée en bouclier ou en garde du corps d’un citoyen agressé.
Elles ont juste filmé au mieux les agressions, au pire les alentours des angles morts où elles se produisent. L’inefficacité en termes de prévention de la délinquance est maintenant suffisamment prouvée par des études sérieuses (et internationales) dont DED s’est fait écho en son temps. Quant à leur efficacité en termes de répression, elle est tributaire des moyens humains que chaque pays entend donner à sa police.
Le point de vue d’un spécialiste, David Forest, sur l’excellent site de la LDH Toulon.